Je viens de voir FORCERY, mes quelques impressions :
D'excellentes choses, hélas perdues au sein d'un long-métrage assez moyen. L'idée de remplacer Paul Sheldon par George Lucas est effecivement réjouissante, mais c'est sans doute la seule vraie bonne idée du projet. Je m'explique : ce n'est finalement guère plus qu'une nouvelle version de Misery. Bien sur il y a quelques clin d'oeil à Star Wars et certains dialogues sont bien foutus, passées les dix premières minutes, on a très vite le sentiment de s'ennuyer devant cette histoire que l'on connaît bien. Il n'y a pas de recherche au niveau de la mise en scène ni de la narration : Forcery respecte soigneusement les grandes scènes de Misery sans leur apporter le décalage nécessaire à l'esprit parodique. La parodie nait du fait que l'on reconnaît l'oeuvre originale sous un nouveau vernis : or ici, la distance n'est que rarement prise avec le film de Rob Reiner. La faut en revient selon moi au format choisi du moyen métrage : plus d'une heure de film, c'est beaucoup trop pour ce type de projet. La parodie doit être une chose resserrée, allant à l'essentiel, condensant les gags et les références. Ici, la durée dilue maladroitement ces effets et les scènes comiques sont désamorcées par leur lente et longue préparation.
Cela dit, c'est un projet tout à fait louable et qui réserve de bonnes surprises. Notamment quand l'univers Star Wars vient réellement percuter celui de Misery : là le film fonctionne. Nous avons donc une fausse Annie Wilkes fan numéro un de Jar-Jar Binks, qui devient folle en découvrant que Lucas l'a "tué" à la fin de l'épisode 3 qu'il vient d'écrire. Elle le force à tout reprendre, à faire de Jar-Jar le héros d'une nouvelle trilogie etc. ("Jar Jar Binks CANNOT BE DEAD !" ça m'a bien fait rire). Dans le délire schyzo de cette acharnée de Star Wars, Jar Jar est en passe de devenir chevalier Jedï, Yoda pourrait être le vrai père d'Anakin, Obi Wan serait amoureux en secret de Padmée, ce genre de choses amusantes... hélas pour elle, elle ne connaîtra jamais la fin (of course !). Le seul moment où la comédie fonctionne pour de bon, c'est quand la narration propre à Star Wars prend le pas sur celle de Misery, et fait intervenir des éléments irrationnels dans le cadre très stricte du film qui sert de modèle. Lucas se fabrique un sabre laser à partir de piles et d'une torche, et s'en sert pour brûler le manuscrit sous les yeux d'Annie, puis il use de la Force pour le récupérer à distance. Trés bien trouvé, et pile dans le ton qu'il aurait fallu maintenir tout du long pour obtenir une véritable parodie.
A voir par curiosité donc, et pour quelques bonnes trouvailles, mais ce n'est pas encore du niveau de Georges Lucas in love...