«Nous devons limiter notre consommation»
INTERVIEW
Selon un rapport publié hier par le WWF, la population mondiale consommera l’équivalent de deux planètes d’ici à 2050.
Les écosystèmes se dégradent à un rythme jamais atteint dans l'histoire de l'humanité. En 2003, chaque terrien a consommé en moyenne l'équivalent de 2,2 hectares alors que le globe a une capacité de renouvellement d'environ 1,8. Selon le WWF, si la population mondiale vivait à la manière suisse, trois planètes seraient nécessaires à son épanouissement jusqu'en 2050. Interview de Christiane Maillefer, directrice du siège romand de l'organisation.
- Sur quelle base avez-vous établi la mesure de cette «empreinte écologique»?
- Toutes les statistiques de 2003 ont été comptabilisées et transformées en terrain; si vous portez un T-shirt, cela équivaut à tant d'hectare de coton, si vous mangez un steak à tant d'hectare de pâturage… Nous avons fait cela pour chaque pays en tenant compte de tous les matériaux - plastique, voitures et même énergie nucléaire -, de la production des ressources, de l'absorption des déchets, des importations et des exportations.
- Qu'en déduisez-vous?
- Les émissions de CO2 jouent le plus grand rôle pour la Suisse et la plupart des pays développés. Il faut que ces états diminuent leur empreinte écologique pour permettre aux pays en développement d'augmenter la leur et parvenir à un équilibre planétaire.
- Que préconisez-vous?
- L'empreinte écologique d'un pays dépend de trois facteurs; le nombre d'habitants, la consommation - combien de personnes ont une voiture ou un appartement - et l'intensité de cette consommation - comment est chauffé cet appartement. Nous devons éviter une croissance exponentielle de la population, augmenter les surfaces cultivables, nous tourner vers des énergies renouvelables… Il s'agit de faire des choix aujourd'hui pour dans quarante ou cinquante ans. Mais rien de tout cela ne sera suffisant sans une diminution réelle de notre consommation.
- Pensez-vous réellement que, tout à coup, les gens vont consommer moins?
- Cela dépend beaucoup de la manière dont nous communiquons sur le sujet, or nous n'avons pas les mêmes budgets que BMW ou Volkswagen. Il est important que les gens se connectent à nouveau à la terre, qu'ils prennent conscience que tout n'est pas accessible comme cela. Les entreprises peuvent aussi participer en créant des produits plus respectueux de l'environnement, des télévisions sans mode veille par exemple. Enfin, il est essentiel que les politiciens prennent le problème à bras-le-corps. Il n'y a, par exemple, aucune incitation aujourd'hui à construire une maison plus écologique.
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