la peau sur les os est un nanar d'apres nanarland:
Origine USA 1997
Réalisateur : Tom Holland
Cast : Robert John Burke, Michael Constantine, Joe Mantegna
L'affiche française, laide
L'affiche russe, laide mais en plus elle a peu de rapport avec le film
La peau sur les os
( Thinner )
Bigre de bigre, on trouve parfois dans les bibliothèques bien plus qu’en fouillant les rayons de discounters poussiéreux fourvoyeurs de VHS de haut vol. J’étais pour la petite histoire en train de chercher des nanars pour une soirée champomy et pop-corn… J’avais déjà deux trouvailles qui sentaient malheureusement mauvais le navet et je désespérais de trouver la perle.
Quand soudain, tu m’es apparu, Thinner, alias La Peau sur les Os, adaptation du roman éponyme de Stephen King.
Pourtant, tu avais presque tout pour faire un bon film, cher nanar de haut vol. Un réalisateur assez conséquent, Tom Holland ( on lui doit tout de même, dans le registre Stephen King, l’adaptation brillante en téléfilm des Langoliers, mais aussi la réalisation des Contes de la Crypte. Ce n’est pas rien ) ; mais aussi un script de Michael McDowell, qui travailla sur Beetle Juice ou sur l’étrange Noël de Mr.Jack… Et pourtant, pourtant quel résultat à l’arrivée !
Même ton Casting, ton casting cher nanar, il annonçait quelque chose de presque prometteur ! Joe Mantegna ( Le Parain III ), Michael Constantine ( In The Mood, Reivers ), ils ne sont pas nés du dernier White Fire, que diable ! Oui, jusque là tu étais prometteur. Malheureusement, la qualité s’arrête ici. A peine la VHS engloutie par mon magnétoscope j’ai su, j’ai compris que j’allais voir un grand, très grand Nanar.
J’aurais pu m’en douter, rien qu’à la jaquette ! D’une laideur à faire pâlir Godfrey Ho, elle figure un squelette bleuâtre tu meilleur aloi qui figure à l’avance une certaine cocasserie des effets spéciaux. Le nom de Stephen King y apparaît en gros, et celui du réalisateur en beaucoup plus petit, comme s’il essayait de se cacher en hurlant de sa petite voix « c’est la faute de l’autre ! ». Or, non, le livre original est très bon.
A l’arrière de la jaquette, on nous annonce « un budget colossal » et « des effets spéciaux de haute volée, du jamais vu ». On y reviendra. Mais les photos laisse présager du tout bon ( fausse peau en plastique brillant, écailles violettes… )
Donc le film commence, et on plonge petit à petit dans le délice.
Billy est avocat dans une petite ville de péquenots ( dotée d’un grand tribunal, mais dans les petits bourgs paisibles on a toujours une mafia florissante et des tribunaux aux locaux gigantesques ) réacs. Malgré ses 180kg et quelques – il a de grosses joues qui brillent comme le crâne d’un chauve et un coussin sous sa salopette – il a une jeune et jolie femme et une adorable fille adolescente. Billy est donc heureux. Et ça se voit : il fait de grands sourires. Parlons d’ailleurs un peu de Robert John Burke. Ce Canadien tient le rôle de Billy ( on a pu le voir dans Robocop III et ça se sent… ) et n’affiche tout au long du film que quatre expressions, toutes ratées tellement il se force : CONTENT/PAS CONTENT/MALADE/CRUEL. Au début il est content même s’il est « une théière au ventre enflé ». Ah oui il prononce cette phrase avec son visage béat au maquillage tout brillant ( simulant la graisse ). Il prononce beaucoup d’autres phrases, en ouvrant grand les yeux et en forçant ses expressions pour qu’on comprenne bien à quel point ce qu’il dit est profond.
Bref, Billy est gros et béat, car il vient de gagner un procès pour son client, un mafieux ( là encore, typique des petites villes américaines : Richie Ginelli, accent italien monumental, yacht, chaînes en or, maman qui ne parle que l’Italien et chemise ouverte ). Et là on apprend avec la subtilité d’un parpaing que Billy est en fait un monsieur très intéressé et assez peu porté sur la déontologie. Vous suivez ? En fait, Billy est MECHANT ! Il a un mauvais fond. D’ailleurs le réalisateur insiste tellement la dessus ( scène dans le yacht du mafieux : Billy prend se met en mode CRUEL et trinque avec Ginelli en ricanant ) que si le mot « MECHANT » s’inscrivait en rouge sur l’écran ça serait pas pire.
Là s’installe en ville une troupe de Tziganes, immédiatement persécutés par les notables de la ville ( dont le juge et le policier – MECHANTS bip bip ). Attention, dans ce coin des Etats-Unis, les tziganes sont blancs comme des morts, habillés comme dans Notre Dame de Paris, et ont des filles sublimes ( qui ressemblent à des Danoises ) qui se trémoussent vulgairement. Leur chef, incarné par un Michael Constantine peu inspiré et au doublage proprement ridicule jette des regard de fous sur les notables : MECHANT ! MECHANT !
Un soir, le vieux Tzigane va faire ses courses avec une petite vieille hideuse ( qui a des protubérances en latex moisi sur le visage ) et s’arrête dans une pharmacie. Là arrive Billy, bourré dans sa voiture ( qu’il conduit très lentement tout de même )… Détail amusant et subtil : sa femme lui fait un petit plaisir depuis la place du mort. La scène est d’ailleurs très mal jouée, filmée de face on a l’impression que la pauvre fille se cogne contre un trampoline placé entre les jambes de son gros lard de mari. Ce qui devait arriver arrive : il renverse la petite vieille. Boum. MECHANT ! Elle meurt. On apprend au passage que c’était non pas la femme mais la fille du chef Tzigane ( notez c’est important pour une note de nanardise de la fin du film )
Un procès se tient, mais les notables couvrent Billy qui est innocenté. Alors commence véritablement le sujet du film : le vieux Tzigane touche un Billy très effrayé ( mode PAS CONTENT ) et lui dis « maigris ».
Comme par hasard, Billy se met à maigrir « Oh, j’ai maigris alors que j’ai beaucoup mangé ! Enfin un régime qui marche » confie-t-il à sa femme avec lucidité. Billy se pavane donc au fur et à mesure qu’il perd du poids… Sauf que plus il se gave, plus il perd de poids. Les effets spéciaux figurant sa perte de poids sont à cet égard fantastiques : ses vêtements flottent et ses le pauvre comédien ne s’enduit plus les joues de graisse ( note : a la fin du film quand il est très très maigre, il est dans de grands blousons ou enroulé dans des couvertures, comme ça, on ne réalise pas qu’il fait toujours 70kg ).
Au bout d’un moment, il va consulter le médecin de sa femme ( le beau Docteur que sa femme « fréquente » manifestement beaucoup trop ) qui se moque de lui et lui dit de manger. Mais Billy réalise soudain, après une perte de poids de 100kg, qu’il est maudit ( il était temps ! ). Il va donc voir les gens qui l’ont couvert lors du procès : INCROYABLE ! Le chef des policiers pourrit sur place « Car nous avons failli à notre devoir et voilà le résultat Billy ! Tue moi, tue moi ! Gniii ». Il se jette sur Billy et on voit soudain son visage couvert de grosses verrues ignobles. Quand au juge, il se transforme en lézard humain et l’image en bas en dit long sur la qualité globale des effets spéciaux.
Bref, Billy finit ( après 45 minutes de film à peu près ) par se lancer à la poursuite des Tziganes. Il est poursuivi en même temps par sa femme qui veut l’envoyer en clinique ( on remarque d’ailleurs l’insistance de la réalisation à nous signifier qu’elle couche avec le médecin de tout à l’heure – MECHANTE ). On apprend au passage que le chef des tziganes à 117 ans, ce qui n’a pas grand intérêt ( en fait si vous verrez ! ).
De plus en plus maigre ( il porte un costume avec de très grandes épaulettes, les trucages rivalisent d’inventivité ), il retrouve la fille Tzigane qui agitait son popotin et qui se mit à partir dans un grand rire « Nous ne te délivrerons jamais de ta malédiction, homme blanc de la ville ». Au passage, le juge lézard est tué dans un flou scénaristique du plus complet ( en fait Billy rêve qu’il est mort mais il est mort quand même en vrai, tout ce passage est assez trouble dans ma tête et dans celle du réalisateur aussi je pense… ).
Les scènes s’enchaînent alors de plus en plus vite, sans trop se préoccuper des raccords. Billy va au camp Tzigane et agresse le vieux chef qui se lance dans une tirade assez ridicule, puisqu’il a une voix française qui ressemble à celle de Donald atteint de Parkinson, et que de toutes manières, au bout de deux répliques il s’en va (domage c’était presque une bonne scène !). Alors Billy lui montre comme il est maigre ( il soulève son pull et on voit ses côtes… il a perdu 25kg en une scène tout de même, a croire que ça s’accélère ces petites malédictions-là ( ou qu le monteur a jeté pas mal de scènes sans intérêt ) ! Billy se met alors en mode CRUEL/MALADE ( il mélange les deux c’est un délice ) et lance d’un air féroce : « je vais vous infliger… La malédiction – il tend la main d’un air fou – de l’homme blanc – tremblotte, tremblotte – DE LA VILLE !
La, il commence sa vengeance : il va rechercher le mafieux du début qui croit son histoire vu que sa mama lui dit que c’est vrai ( pfff grands naïfs ces mafiosi ). Cette vengeance consiste à bouriner le camp des tziganes avec une violence assez inouïe. D’abord, le mafioso empoisonne les chiens des Tziganes ( pas un garde à l’horizon ! ), puis, à 100 contre un se lance à l’assaut du camp Tzigane qu’il ravage tout seul avec un Uzi qu’il ne recharge jamais. Les autres ripostent avec 20 carabines, mais pas une seule ne le frôle, tandis que lui, on a l’impression qu’il a passé le camp au napalm.
Pendant ce temps, on s’apitoie sur un Billy très malade ( il racle des pieds en regardant le vide et il tremble ). Il voit un médecin qui lui dit « arrêtez votre régime ». CA C’EST UNE BONNE IDEE ! Le mec a perdu 120kg il est au bord de la mort et le médecin, tranquille : « je crois que vous devriez arrêter votre régime ».
Le lendemain, le mafieux enlève la fille Tzigane. Et là, là, grande scène de nanardise : Elle déclare « Vous avez tué ma p’tite maman ». Oui ! Elle a 20 ans à tout casser, et sa mère en avait au moins 95 ! Non vous ne rêvez pas. Là, on comprend à quel point Holland s’est pris les pied dans le tapis avec ce film. A aucun moment, on ne nous justifiera cette phrase ( de même qu’on ne nous justifie pas les visions que Billy commence à avoir sur sa femme, ou ses rêves prémonitoires, ou rien du tout. De A à Z, on nous laisse dans un flou artistique qui sent le bâclage joyeux ), mais toujours est-il que cette vieille momie déconfite était sa petite maman. Après avoir menacé de lui balancer de l’acide en pleine poire ( la scène de passe dans une grange en carton et le mafieux agite du coca dans un tube à essai ) ils lui demandent de faire lever la malédiction pesant sur Billy. « Car c’est la malédiction de l’homme blanc de la ville ». Au passage, le pauvre Joe Magenta qui joue Ricchie est le seul qui tire son épingle du jeu dans le casting facilement monolithique du film.
Finalement, le Tzigane pour protéger sa… Petite fille ( vous suivez ? Il a 117 ans mais la jeunette c’est sa petite fille ) fait passer la malédiction de Billy dans une tourte en saignant la main de ce dernier. La tourte clapote de manière ridicule, un peu comme un flan en fusion( la encore, pourquoi une tourte ? On s’en fiche, scène suivante ! ) et hop, dès que quelqu’un en aura mangé, Billy ne sera plus malade. Il se met en mode CONTENT et rentre chez lui
Et la, Billy se met en mode SUPERCRUEL ( sourire en coin plus une canine qui dépasse ) et fait manger la tourte à sa femme ( qui le trompe avec le docteur, vous vous souvenez ?)… Mais là, nouveau message subtilement distillé « LES MECHANTS SONT TOUJOURS PUNIS ». La femme meurt en dégoulinant dans le lit aussi sec. On le voit arriver à des kilomètres, mais évidemment, la fille de Billy mange de la tourte et choppe aussi la malédiction ( qui n’est plus de maigrir mais de dégouliner aussi sec – sauf que elle, elle est encore vivante le lendemain ! ). Mode PAS CONTENT.
Le docteur/amant sonne à la porte. Billy lui ouvre ( CRUEL ) et l’autre bafouille une excuse pitoyable genre « Oh ben tiens, t’es rentré Billy ? Je venais voir si ta femme heu… héhéhé fait beau hein ? », pour ceux qui avaient pas encore compris. Billy plisse les yeux ( il va faire un dernier mauvais coup, attention ! ) et invite le docteur a manger de la tourte. L’autre qui était venu pour tirer sa crampe a l’air super heureux ( trop fort ! de la tourte au p’tit dej ! ). Billy fait alors un sourire plein de dents et dit à la caméra « Tu va goûter à la malédiction… de l’homme blanc… de la ville » et les points de suspension sont importants.
Ainsi se termine ce chef d’œuvre impérial de 1997, digne de figurer au panthéon des pires adaptations de King, loin devant le Fléau qui n’était qu’un simple navet.
Gag subtil : le pharmacien du début est Stephen King.
Homme-lézard du meilleur aloi, dans un jeu tout en émotion
Fille tzigane américaine typique
Le chef Tzigane, tout en laideur, avec une voix de canard agonisant, notez la grosse vérue nasale, qui donne lieu a un gag pitoyable dans la scène de la pharmacie
"Yé souis tré méssant, alors ça séré bête d'abîmer oune si joli visage"
"Hiiiiiiiii"
Scène dont l'intensité vire presque à l'abstraction. Notez l'air monoilithique du héros : il l'arbore pendant 1h30.
Un peu de rouge au joue, une chemise trop large et vous avez un faux-maigre très seyant
De l'ombre, un très grand manteau et hop ! Vous avez le même avec 20kg de moins encore.